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Partage de lecture

          Lénine et ses compagnons ont, en 1917, fait la révolution pour abattre l'injustice sociale. Mais, s'interroge Romachkine, un modeste employé d'un grand complexe moscovite, où sont ceux qui devaient le suivre, lui et ses idées ? Tout le monde est contaminé. Lui-même se reproche de participer à l'injustice ambiante en trafiquant ses chiffres (par obéissance, pour masquer la faillite économique du trust). Il en veut tout particulièrement à son chef lointain, Toulaev, responsable, entre autres, de l'épuration de l'université locale et de déportations massives. Un odieux personnage, que lui et son jeune voisin, assoiffés d'équité, décident un jour de tuer.
          Le crime commis, la machine policière se met aussitôt en marche. Et, faute de trouver les responsables vrais, elle veut désigner des coupables. Une occasion rêvée, pour le pouvoir (central et local), d'éliminer les indésirables du lieu, qu'on va accuser de déviationisme ou de terrorisme. Seront ainsi condamnés et fusillés le commissaire Erchov, le procureur  Ratchevsky, le paisble historien Roublev, et même le déporté Ryjik, lesquels, bien évidemment, n'ont rien à voir avec l'assassinat de Toulaev.
           Sous le voile ici transparent du roman; Victor Serge (Kibaltchich, de son vrai nom) décrit ce que fut la terreur stalinienne, qui, sous la couverture d'une doctine volontairement faussée, a broyé une nation entière durant une douzaine d'années ...