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Partage de lecture

         Au printemps 1808, les gendarmes amènent une femme au palais de justice de Foix. Ils l'ont trouvée dans la montagne, où elle vivait sans toit ni feu. Les paysans du lieu l'accusaient d'empoisonner les sources, de tuer le bétail, de frayer avec les loups.
        Magistrat instructeur, Jean-Baptiste Chanfreau a hérité la charge du dossier. Dès qu'il aperçoit la Nuda, il a envie de la protéger, et surtout de percer son mystère. Il la fera admettre à l'hôpital psychiatrique de la ville. Où elle restera muette, contrainte à la contention. Evadée et reprise, le juge et sa femme l'accueilleront alors chez eux. Avec le dessein d'entrer enfin en cantact avec elle. En vain, hélas. Ce qui amena la hiérachie du juge à décider de la faire enfermer définitivement. Désespéré, Chanfreau la verra mourir, toujours silencieuse, au fond d'une oubliette.
       Femme sauvage, qui aurait dû le rester, regrettait le juge. "Voici, écrit-il dans son journal, comment je me représentais la Nuda en fuite. Autant de pensées que de cheveux, aussi flottantes. Femme toison. Un seul projet : oublier l'humain, l'effacer sur soi, l'arracher de soi. Etre le vent qui va. Etre la mouche, la fleur, leurs accordailles. Jamais rien n'a eu lieu, n'aura lieu. N'être qu'être. Elle court. Escorte des cimes. Son coeur essaie de prendre la forme et les dimensions de l'horizon".